Performances

Parfois lyriques, les œuvres jouent de métaphores mais n’en demeurent pas moins concrètes. Leur matérialité sonore ou visuelle révèle une contingence qui dépasse le discours sans le nier radicalement. Entre le personnel et le politique : il y a le corps et la voix. C’est dans ce lieu de l’entre-deux que Hélène Matte cherche à inscrire sa pratique. Entre l’humilité et l’arrogance, entre l’ironique et le conséquent, à contre-courant du refoulement et au risque de l’exposition phénoménale: ses œuvres expérimentales fouillent le dire, le dédire, le lire et le lien, le dédain et l’allure. Sa voix, souffle résonnant et signature est volonté de présence et témoignage d’impermanence.

Projet d’exposition L’Immédiat en différé

Lors d’une résidence chez VU, des archives de performances ont été utilisées pour créer de nouvelles œuvres et des actions en studio ont été archivées. Des questionnements sur la médiatisation de la performance ont mené à une préoccupation concernant la désuétude technologique. Les notions de différance, de présence et de distanciation ont motivé des mises en abime du projet lui-même.

L’Immédiat en différé a été présenté chez VU PHOTO à Québec en 2008 et à la Galerie Jean François Meyer à Marseille en 2009.

Série de photos d’archives

Permutations de la rose

HMatte_Stockholm10« Cette performance a été conçue lors de ma participation au Performance Art Link à Stockholm en 2014. La performance s’est constituée au cours d’un processus ayant culminé par une intense activité quelques jours avant sa présentation. D’une heure, la performance comporte différents éléments à déploiement variable ; une structure adéquate aux arts vivants. Rose’s Permutation se veut d’abord un clin d’œil à Gertrude Stein et à sa célèbre phrase « La civilisation commence par une rose.  Rose is a rose is a rose… » issue du poème Sacred Emily. Plusieurs poètes expérimentaux du XXe ont cité Stein. Emmett Williams, poète concret et « coordinateur européen de Fluxus », a composé l’œuvre graphique 13 variations sur 6 mots de Gertrude Stein. Quant au flamand Paul de Vree, il intégre cinq fois les mots a rose dans un bref poème débutant par a rose is everywhere[1]. Le texte de Stein participe à ce que certains nomment un cubisme littéraire et dont la principale stratégie consiste en une « délinéarisation » du texte.  Pour ma part j’ai tenté un « cubisme gestuel » où la notion de permutation est exploitée. Permutation au sens d’Abraham Moles, qui la décrit en 1971 comme une « combinatoire d’éléments simples de variété limitée ouvrant à la perception l’immensité d’un champ de possibles ». Rose’s Permutation joue du hasard et des combinaisons pour composer son action. Autour de la simple rose, une multitude d’accessoires, de textes et d’actions se mettent en branle, constituant une à une des variations, effeuillées dans le temps, comme autant de pétales jetées prennent la mesure de l’amour ».

[1] DONGUY, Jacques 1960-1985 Une Génération, poésie concrète, poésie sonore, poésie visuelle, Paris, Henri Veyrier, 1985, p.37.

L’Essence de la vie (2009)

L’Essence de la vie conjugue l’acte terroriste et la naissance, et confond la soif du pétrole, la sève d’érable et l’allaitement. Ici, une grande flaque de lait devient écran. Là, le lait maternel est projectile que la performeure, armée de deux seins gonflés à bloc, lance en criant : FEU ! Chaque fois, les crèmes brûlées au sirop d’érable sustentent le public. Un bidon d’essence rempli de lait devient l’accessoire central d’une action où le corps se consume et l’amour maternelle est un cri auquel un sein plein de sirop d’érable répond.

Diverses versions de la performance en divers lieux :
2009. Musée national des beaux-arts du Québec, Québec, Posture
2009. Galerie Jean-François Meyer, Marseille
2012. FADO, Toronto, New Maternalism
2014. Musée des Beaux-arts de Santiago, Chili, New Maternalism

Papier

Performance réalisée à l’Université Laval en 2002. La vidéo réalisée par David N. Bernatchez a été réutilisée dans d’autres performances, notamment lors du spectacle Chansons dégoulinantes et poèmes acculés au pied du mur, d’un évènement étudiant à L’UQAM en 2004 et lors du Mois Multi de Québec en 2005.

 

« Il y a du soldat chez l’enfant comme de l’enfant chez le soldat » dixit Balzac (1998)

 

Domino & salsa (2001)

 

Maman ta main est froide (2001)

 

Nor the certainty of god (2002)

 

Presciption (Folie\Culture, 2004)

 

J’attends ma mort, elle viendra à la dernière minute 

 

Vanité ou l’hystérie de la mort (2002)

Dit-section

Dit-section se concentre autour d’un objet trouvé, métaphore d’une mémoire collective. L’ouvrage choisi, le livre de poésie Autopsie du secret, date du Québec des années 60. Ironiquement, il est dédicacé à un médecin qui ne l’a jamais lu. Afin de déterrer son auteur et de s’approprier cette pièce culturelle muette depuis la révolution tranquille, la performeure l’a passe au bistouri de l’art action. Par un rituel matérialiste, à la manière de la police scientifique, elle découpe les pages. La captation des gestes, diffusée en direct, amplifie images et en sons et «délivre» la matière du livre. Cet hommage-dommage, cette morgue poétique, se termine au moment où, devant le micro, plutôt que de lire le texte, la performeure inspire et expire, toujours en «réalité augmentée».

Présenté en 2010 au Musée des Beaux-arts du Québec lors de la Nuit de la création et au Cabaret St-Sulpice pendant la Soirée de performance académique (Montréal).

 

Performances invisibles

Les projets de performances invisibles se font, lorsque avoués, sous forme d’affiches ou de tracts. Évitant la forme spectaculaire empruntée par la performance, ils visent à intervenir directement dans l’espace social.